Du blues et des bouses
Plus encore que le nouvel an, la rentrée dans les agences est la période des bonnes résolutions. On a tous la pêêêêêch’eu, encore quelques bonnes couleurs, on se retrouve plein d’attaque devant son Mac avec, une fois de plus, la secrète ambition de pondre LE concept qui fera au moins une shortlist à Cannes 2007. Et puis, sur l’écran pub de la TSR, Martina recommence à « chouer en touble » avec son combiné four et micro-ondes Zigzagzoug. Une gourdasse raconte les effets miracles de l’acidolactobifidus sur ses tripettes à sa cruche de copine qui se demande comment elle a pu vivre sans ce prodige intestinal. Dans le 47ème épisode de ses trépidantes aventures lessivières, Monsieur Calgon sauve une pauvre ménagère désespérée par 30 centimètres d’eau dans sa triste cuisine… C’est à ce moment que le moral retombe dans les chaussettes et qu’on se demande pourquoi déployer encore tant d’efforts si 9 clients sur 10 se contentent de pareilles bouses. Les clients en question sont d’ailleurs trop occupés pour se laisser envahir par ce genre de doutes existentiels, totalement accaparés par la préparation de l’un des briefs les plus importants de l’année: la carte de Noël ! Alors les rédacteurs(trices) recommencent à rêver au bouquin qu’ils n’écriront jamais, les AD(ées) repensent à ce projet d’expo photos ou tableaux qui traînent dans un coin depuis dix ans et les accounts songent à se trouver une bonne planque au chaud, côté annonceur.
Face à cette déprime automnale, deux attitudes possibles. La première consiste à vous gaver de bonnes pubs, malheureusement made in Ailleurs, et de positiver un max en vous répétant non stop que si les agences en Malaisie ou à Singapour arrivent à décrocher des Lions, il n’y a pas de raison que les Helvètes ne puissent pas en faire autant. La seconde est de se laisser couler jusqu’à toucher le fond du gouffre. Et pour ça, je n’ai pas trouvé une meilleure méthode que la fréquentation régulière du site www.pubs-suisses.com. Rien que le libellé de la home page vous flanque déjà le coup bas qui tue: « Vous trouviez les pubs pénibles ? Voici ce que subissent nos amis Suisses ». Si ça ne vous achève pas, vous allez tellement en rire que tous les espoirs sont permis. Il ne me reste alors plus qu’à vous souhaiter une bonne survie jusqu’aux fêtes et, dès le 1er janvier, promis juré, ils vont voir ce qu’ils vont voir à Cannes !
